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GRISAILLES INACHEVÉES & CHANTIERS
J'aime les paysages «déglingues»,
laissés pour compte par une humanité (?) ignorante et inconséquente.
Irresponsable…
Périphéries éphémères où tout est fait
(défait) pour passer et se passer du temps.
Ces grands silences m'émeuvent, là
où l'on ne peut pas s'asseoir quand d'autres parfois y touillent…
J'aime la poésie de ces grisailles
inachevées ; où se sont tendues, en coupe-vent dérisoires, des toiles
d'araignées, comme des miroirs brisés au travers desquels on voit ;
où l'ordure au bord des mares se reflètent en ordures ; où l'accumulation
génère des flous devenus artistiques ;
où les tonalités de gris et de bruns deviennent
intumescentes dans l'air humide…
J'aime quand je
sais que le même homme ne reviendra plus.
Où seules les
pelles mécaniques, un jour, tritureront ces
amas de rien.
Et où, peut-être,
naîtront des chantiers, que j'aime encore plus
que la destruction.
Des chantiers avec
du bruit là où n'était plus que le silence.
Des chantiers où
s'élèveront de concert le métal, le béton et le
son ahurissant de la vie qui reprend.
Où l'on sait que
des hommes autres reviendront, qui ne sont
pas ceux qui sont partis en laissant «ça» ici…